Fiche 2 : Sur le modèle transmissif, celui dit de « l’empreinte », en éducation artistique

Cette fiche s’intègre dans un dossier composé de cinq autres. 

  • Fiche 1 : Présentation, préambule (trois signaux relevant des droits) et introduction 
  • Fiche 3 : Sur le modèle comportementaliste, celui dit de « conditionnement », en éducation artistique 
  • Fiche 4 : Sur les modèles constructivistes et socioconstructivistes, en éducation artistique 
  • Fiche 5 : Évolution d’un modèle d’enseignement des arts plastiques dans la scolarité obligatoire (à grandes enjambées…) 
  • Fiche 6 : Installation d’une position « hybridée » en arts plastiques (source C. VIEAUX, 2018) 

 

Sommaire

Présentation sommaire

Position générale en éducation

Quelques problématiques et incidences en éducation artistique

Des questions sur le conformisme, les valeurs culturelles de référence, la passivité, l’utilitarisme

·      Conformation à des normes/risque d’un conformisme ?

·      Bonnes œuvres VS moins bonnes œuvres ?

·      De la cire molle (passivité) aujourd’hui, et de la permanence d’un imaginaire scolaire sur l’enseignement des arts (passéisme ?)

·      Être utile : oui, mais à quoi ?

·      De la culture artistique, en creux ?

Résumé

Ce document présente le modèle transmissif dans sa perpective générale en éducation, au sens d’une de ses grandes traditions, et selon ses conséquences pédagogiques en éducation artistique. Ce modèle, d’inspiration empiriste (notamment chez John Locke), considère l’élève comme une « tabula rasa », un esprit vierge sur lequel l’enseignant imprime le savoir, à la manière d’une empreinte dans de la cire molle. L’apprentissage repose donc essentiellement sur la transmission directe et verticale des connaissances par l’enseignant, l’élève étant placé dans une posture passive de récepteur1.

Principales caractéristiques de ce modèle transmissif :

  • Centralité de l’enseignant : il détient seul tout le savoir et le transmet de manière magistro-centrée, sans prise en compte les conceptions ou expériences préalables de l’élève.
  • Passivité de l’élève : l’élève est vu comme dépourvu initialement des éléments du savoir, son rôle se limite à recevoir et mémoriser l’information.
  • Normativité et conformisme : ce modèle en éducation artistique tend à imposer des références, des normes culturelles et artistiques prédéfinies, risquant d’induire un certain conformisme et de hiérarchiser entre elles des œuvres éligibles et recevables selon cette normativité (bonnes vs moins bonnes).
  • Utilitarisme : l’éducation artistique peut alors être perçue principalement sous l’angle de l’utilité sociale au regard de finalités techniques et/ou productives par la voie scolaire, au détriment de l’éducation de la créativité et de la sensibilité individuelle autant que collective.

Le document souligne que ce modèle est aujourd’hui souvent critiqué comme étant dépassé, voire réactionnaire. Cependant, il invite à nuancer ce jugement, en rappelant que la transmission reste une dimension essentielle de l’éducation, même si elle ne doit pas être réduite à ce seul schéma strictement transmissif.

Problématiques soulevées :

  • Conformisme et valeurs de référence : risque de limiter la diversité des expressions artistiques et de négliger la sensibilité des élèves.
  • Sélection normative des œuvres : tendance à privilégier un répertoire fermé d’œuvres jugées légitimes, au détriment d’une ouverture à la pluralité artistique.
  • Passivité et imaginaire scolaire : le modèle transmissif perpétue dans la société une vision passéiste de l’enseignement des arts, peu adaptée à la réalité contemporaine où les élèves sont déjà exposés à de nombreuses images et formes artistiques hors de l’école.
  • Question de l’utilité : interrogation sur la finalité de l’éducation artistique dans ce modèle : éduquer la sensibilité de l’individu par les arts et la culture ou répondre à des attentes utilitaristes ?
  • Transmission de la culture artistique : le risque est de réduire l’enseignement à la simple transmission de connaissances théoriques et techniques, sans prise en compte de l’expérimentation et de la créativité.

En conclusion, le texte invite à une réflexion critique sur l’usage et la pertinence actuelle du modèle transmissif en éducation artistique, en soulignant la nécessité de dépasser ses limites tout en reconnaissant la place incontournable de la transmission dans tout processus éducatif.

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L’auteur

Christian Vieaux est un expert institutionnel en enseignements et éducation artistiques. Il vit et travaille en France.