Ce texte est issu d’une communication dans le cadre d’une journée d’étude dédiée aux « Formes et usages du carnet ou du cahier en arts plastiques », à Dijon, en mars 2025. Il est donc une version enrichie et restructurée du support vidéoprojeté accompagnant cette intervention orale.
Au-delà des aspects pragmatiques de « techniques pédagogiques », nous pensons qu’il serait possible de tracer la trajectoire d’une – autre – histoire assez récente de l’enseignement des arts plastiques en tirant le fil, vraiment pas si ténu, du cahier. Il nous semble en effet qu’il s’agit bien d’une « autre histoire » que celle – plus couramment opérée – du récit principal (et parfois héroïsé) de l’introduction d’un primat donné à « l’artistique » dans cet enseignement concourant à l’éducation de la sensibilité de tous les élèves. Ces deux récits (le pragmatique ou l’héroïque) sont-ils pour autant résolument contradictoires ? Le cahier traduit quelque peu un compromis des arts « authentiquement » artistique dans l’École avec la réalité de la forme scolaire. Il est aussi un signal d’un corps enseignant issu de formations initiales artistiques en recherche de modalités efficaces pour les élèves.
Dans les cycles du collège, la majorité des professeurs d’arts (plastiques) a institué le principe d’un cahier dont chaque élève dispose. Pour autant, nulle prescription institutionnelle n’est encore portée à ce jour par les programmes d’enseignement. Le recours à un tel support pour les apprentissages n’est donc pas imposé. On peut en dater l’apparition, puis la diffusion, vers la fin des années 90. Son extension s’est concrétisée durant les années 2000.
Depuis, les formats et les usages du cahier sont fréquemment présentés aux professeurs stagiaires. Il semble aller de soi, en formation continue, d’y faire mention dans des restitutions de séquences ou, plus récemment, dans des approches du type « lesson study ». Les corps d’inspection observent quasi systématiquement des cahiers dans les classes au collège. Ils peuvent aussi en recommander l’usage. Ils en mesurent le déploiement, voire les prescrivent. Des sites pédagogiques disciplinaires ont également développé des articles les incluant ou, plus rarement, des dossiers dédiés.
La préoccupation de la « trace écrite » est couramment évoquée par les professeurs de terrain, les formateurs, des jurys de concours, etc. Pour autant, les visées et les modalités du cahier en arts plastiques ne paraissent pas encore vraiment faire l’objet d’une recherche didactique spécifique. La question serait peut-être alors de mieux distinguer la nature et les fonctions de l’écrit en arts plastiques de la seule forme d’un cahier. En particulier, dans un enseignement artistique où les langages non-verbaux sont travaillés et la pratique sensible qui les sous-tend est cardinale.
En l’occurrence, l’enjeu d’un tel support et de ses possibles fonctions est-il à situer du côté du cahier « rationnalisé », de fait très ancré dans sa tradition scolaire, ou de celui du carnet « sensible » avec des écrits, annotations, graphies plus ou moins « fonctionnels » ou créatifs en art et dans un enseignement artistique ?
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